Le trajet en
bus pour Villa Tunari et le parc Machía est assez inconfortable, la route est mauvaise,
mais les paysages de montagne sont magnifiques, la végétation luxuriante, entrecoupée
par de belles et larges rivières bordées de roches grises.

Je suis censée être
déposée devant le parc directement, mais le chauffeur s’en fout, il me dépose
deux kilomètres avant dans le village de Villa Tunari. A la descente du bus, il
fait une chaleur à crever, le climat est on ne peut plus humide… on est près de
la jungle, et plus du tout en altitude !

Pour rejoindre
le parc, plutôt que de faire 2km à pied avec toutes mes affaires dans cette
chaleur, je prends une moto taxi, le mode de transport le plus utilisé ici.
Pour 2bolivianos, c’est plutôt marrant comme expérience, avec toutes mes
affaires sur le dos, ça aurait valu une photo !

 

J’arrive au
lieu du volontariat : ça ne paye pas de mine, mais il y a sur tous les
murs de peintures de volontaires qui ont travaillé ici, qui traduisent la bonne
expérience qu’ils ont vécu. Je rencontre Francesca, l’organisatrice, qui me dit
d’attendre jusqu’à 16h30 pour mon tour d’introduction et ensuite décider de mon
affectation. Il est 14h, je compte donc decouvrir un peu le lieu et parler avec
quelques volontaires en attendant. Mais ils ne sont pas très avenants, j’essaye
de faire connaissance mais ils restent un peu entre eux et ne s.interessent pas
trop à moi… et repartent ensuite au boulot ! je risque donc de m’ennuyer
un peu eè attendant mon tour d’introduction.

Je reste au café,
l’endroit où ont lieu les repas, en supportant la chaleur humide avec mon jean
et mes baskets.

A 16h30, deux
autres nouveaux volontaires arrivent, Roddy et Matt, deux anglais, et Francesca
nous annonce que la séance d’intro se déroulera finalement le lendemain matin.

Marianna, une employée,
va nous amener à la maison où sont nos chambres. Nous la suivons, la maison est
à 500-600m, elle s’appelle Copacabana.

Et là,
malchance du premier jour, sur le chemin en terre qui nous y amène, je me tords
bien la cheville et tombe avec le poids de toutes mes affaires sur le dos. Pour
le moment ça ne me fait pas trop mal mais ça va ne faire qu’empirer au cours de
la soirée.

Je partage ma
chambre avec Dorota, une polonaise, qui nous avertit qu’elle n’aime pas trop
Francesca et déplore l’organisation de l’association. Je discute un peu avec
Roddy et Matt et vers 19h nous nous dirigeons vers le café pour avoir un peu d’internet
et bientôt dîner quelque chose.

Ma douleur à la
cheville ne fait qu’empirer et une heure après je ne peux plus poser le pied
par terre. Les vétérinaires me donnent une crème à passer avant le coucher et
me conseillent de prendre de l’Ibuprofène.

La douleur est
lancinante et me fait tourner la tête et monter les larmes aux yeux. On me
donne de la glace, mais rien n’y fait.

La plupart des
gens rentrent cuisiner à leur maison ou manger en ville. Ne reste plus que Daniel,
un australien de Perth à l’accent à couper au couteau. Il me propose de m’aider
à faire le trajet retour vers la maison, qui me paraît être à des kilomètres vu
que je ne peux vraiment pas marcher. J’essaye de marcher avec des bâtons, mais
ils ne sont pas très résistants ni pratiques et je suis assez faible. Daniel me
propose alors de me porter sur ses épaules : j’accepte et nous commençons
un chemin périlleux, dans le noir, au bord de la route où le bas-côté est très
mince et où des tas de voitures et camions passent en nous frôlant presque et
en klaxonnant au passage…

Il se fatigue,
donc on finit en alternant dos et moi à cloche-pied qui m’appuie sur son épaule…

Arrivée en haut
de l’escalier où est ma chambre, je marche carrément sur les genoux, c’est
moins douloureux...

Ohad, un des
volontaires israélien, vient me proposer aussi son aide. Nous discutons et ça
me fait un peu penser à autre chose, mais rien ne fait partir la douleur, et aucune
position n’est confortable. Avant d’aller me coucher, Ohad me donne un bandage
pour le lendemain, car je n’en ai pas. J’ai la cheville et l’extérieur du pied bien
gonflés.

Je peine à m’endormir,
je regarde une série sur ma tablette pour penser à autre chose…

 

Le lendemain,
lever 7h, je peux marcher, avec peine, mais je n’ai pas envie de rester là à me
morfondre, je veux essayer de travailler. J’hésite quand même car je sais que
si je commence, je vais payer pour deux semaines et que ce ne sera pas remboursable.

En effet, l’association
Inta Wara Yassi pour laquelle travaillent les volontaires demande que l’on
reste minimum deux semaines et fait payer pour le logement et le déjeuner un « package »
de 1700 bolivianos, soit 220 euros, ce qui fait quand même 15euros par jour !
Pas donné ! Et cela n’est remboursable en aucun cas. Mais on nous dit que
c’est pour la bonne cause, car le gouvernement ne donne rien à l’association
pour gérer les animaux et les donations des volontaires constituent 80% des revenus
de l’assoc. Drôle d’organisation ! On insiste par ailleurs sur le fait que
nous devons être au courant qu’il y a des risques de morsures etc et qu’en
aucun cas l’assoc ne peut être tenue responsable.

On a un peu l’impression
d’être plus une source de fric que d’aide au travail..ù

 

Francesca nous
montre la partie où l’on s’occupe des singes et celle où sont logés les oiseaux.
Nous n’allons voir ni l’ours Balú, ni les ocelots, ni le puma, qui se trouvent
dans la partie haute du parc, il faudra payer la partie touristique du parc si
on veut y accéder, et en dehors des heures de travail, bien sûr. Même pour la
pare « small animals » qui abrite les coatis, nous ne verrons que l’entrée.
Paradoxal, car Francesca déplore que le gouvernement donne accès aux touristes
dans le parc. Elle ne les aime pas, et encore moins les enfants qui, pour elle,
sont nuisibles aux animaux. Discours pas très sympathique.

Elle m’annonce
tout de suite que je serai affectée aux oiseaux, car ils préfèrent les filles.
Je travaillerai donc avec les perroquets et le toucan. Il y a aussi les
tortues, qui sont dans le même quartier,. Ce n’est vraiment pas la partie la
plus intéressante du boulot ici, ni la plus marrante, et il y a beaucoup de
moments où l’on se tourne les pouces en surveillants les oiseaux qui ne peuvent
même pas voler…

Je lis le topo
sur les oiseaux avant d’aller rejoindre Dprota et Beatriz.

Elles m’expliquent
un peu le fonctionnement du travail, et comme je ne peux pas vraiment marcher,
je vais en gros devoir faire la vaisselle et couper les fruits, c’est tout. Je commence
déjà à me dire que je n’aurai pas dû commencer, que je ne reverrai pas mon
argent si je décide de m’en aller… je me sens complétement intutile, ce qui n’était
pas le but de ma venue ici.

Les perroquets
sont durs d’approche : iln.y a que Manchito qui aime les humains et reste
avec nous comme un animal domestique, quoiqu’il aille me falloir un certain
temps pour qu’il s’habitue à moi. Les autres attaquent beaucoup avec le bec. Même
Roma, une jolie perruche verte qui est censée ne pas attaquer, me mord la main
quand je la ramène péniblement sur mon épaule à sa cage en boitant.

 

En plus, Dorota
et Bea ne peuvent pas se parler car l’une ne parle pas anglais et m’utre ne
parle pas espagnol… ambiance !

Dorota se
plaint de l’organisation ici et me raconte ses déboires des premiers jours. On
la’avait affectée à l’ocelot Millie, qu’elle devait aller promener. Dorota est
enceinte de quelques mois et les trois premiers jours, elle a été accompagnée
pour la balade de Millie, mais le quatrième jour, elle a dû y aller seule, dans
la jungle. Il se trouve que Millie n’a pas voulu la suivre pour revenir à sa cage,
alors Dorota a appelé au centre et personne ne répondait… Finalement, après
30mn seule avec Millie, la nuit tombant, dans la jungle, on lui a répondu au
telephone : elle devait revenir â la cage et mettre de la nourriture pour
attirer Millie. Mais Millie est partie et on ne pouvait plus la retrouver.
Dorota a été traitée d’irresponsable et a été ensuite affectée aux oiseaux…

 

Le soir, les autres
volontaires sont tout aussi peu avenants, je vais donc en ville en moto taxi
pour manger. Je rentre et m’ennuie avant de me mettre au lit.

Je passe un
horrible nuit où mon ventre me fait mal, en plus de ma cheville. Je décide de
quitter le centre le lendemain, car de toute façon, je suis inutile ici. Au-delà
de ma foulure, il n’y aucun besoin d’être 3 aux oiseaux et je suis assez
furieuse qu’on m’y ait affectée.

Par ailleurs,
ici, les conditions d’hygiène sont mauvaises, le climat désagréable, et je ne
me vois pas rester plus que ça, surtout si je m’ennuie à longueur de temps et
que les gens ne sont pas sympas.

 

Le lendemain,
je décide d’un peu aider le matin, je coupe les fruits des oiseaux et fais la
vaisselle. Je vais ensuite faire mes affaires et vais parler à Francesca et
Nenna, l’autre organisatrice. Bien sûr, elles ne me rendront pas mon argent :
il a déjà été dépensé !

Elles me font
un cirque de « quel dommage que tu ne restes pas ! » Alors qu’elles
savaient très bien que je ne pourrais pas travailler avec ma foulure…

 

Je pars donc
avec un peu de peine et surtout d’énervement contre cette association…

Je prends un
taxi qui m’amène au terminal des Trufi, sortent de mini van qui va me ramener à
Cochabamba.

Me voici de
retour chez Carlos pour me reposer les deux prochaines semaines…