Ma naïveté me dépasse parfois. Habituée aux campings du DOC (department of conservation, qui gère notamment les chemins de rando et les campings publics) où des rangers passent régulièrement vérifier qu’on a payé, en arrivant, sous un temps pas très accueillant, à ce camping, je suis la procédure habituelle. Il faut prendre une enveloppe en-dessous du panneau explicatif, qui contient une petite fiche à remplir, et mettre l’argent dans l’enveloppe (ou le sachet plastique) avec la registration slip ». Seulement, que se passe-t-il quand on a qu’un gros billet et qu’autour il n’y a que 3 moutons et des touristes dans le même cas pour faire la monnaie ?

Et bien, la plupart des gens attendraient qu’un ranger passe. Moi, oubliant la flexibilité des néozélandais et l’impossibilité de se faire jeter par un ranger qui aurait vu qu’on a pas encore payé, je mets, pour payer les 8 dollars de camping, un billet de 50 dollars dans l’enveloppe, et hop, je le glisse dans cet espèce de poteau en plomb, à travers la seule fine ouverture ne permettant même pas de passer le petit doigt, où mon argent et ma petite fiche s’en vont à jamais.

A la seconde où j’entends l’enveloppe tomber au fond du poteau, je sais que j’ai fait une bêtise. Je regarde à la ronde et me dis que j’aurais dû demander la monnaie à quelqu’un ou attendre qu’un ranger passe pour payer. Et sinon, ben tant pis. Mais non, le billet est bien parti aux oubliettes. Dès mon réveil le lendemain, vers 7h30, j’ai un grand espoir de voir un ranger passer et mes 42 dollars revenir à moi, mais rien. Je veux appeler le DOC pour savoir comment faire pour récupérer mon change, mais il n’y a aucun réseau, comme c’est coutume dans le coin.

L’idée me traverse d’attendre que le ranger arrive mais je ne veux pas perdre mon temps toute la journée en attendant vainement. Je pars donc en quête de signal, espérant en trouver pas loin et visiter ensuite les Blue Pools, qui étaient la raison de mon arrêt dans ce foutu camping.

Malheureusement, plus les Blue Pools s’éloignent dans mon rétroviseur, plus la mauvaise humeur monte, m’agaçant intérieurement d’avoir eu cette idée idiote de vouloir payer à tout prix.

Haas, la ville sans âme


Après 1h et quelques de route sous un temps allant avec la situation, j’arrive à Haast, première ville de la côte ouest depuis Wanaka, où tout me paraît triste. Mon premier contact avec une dame du magasin de bord de route me confirme ma première impression : je prononce deux phrases, une troisième (et il m’en faut plus pour expliquer mon histoire de camping à la noix), et c’est déjà trop, elle me dit qu’elle ne comprend pas et m’envoie au centre d’information du DOC à 500mètres de là. Avec une tête d’enterrement.

Après un tour au DOC qui gère tout ça avec sympathie et professionnalisme et me confirme que je serai remboursée dès le paiement réceptionné – et m’apprends d’ailleurs que dans ce type de camping un peu loin des villes, les rangers ne passent qu’une fois par semaine en mi-saison – , je reprends la route de la côte.